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Laissez moi vous présenter les élèves rapidement, ils n'arrivent jamais par hasard dans les métiers de l'aide à la personne. Ils ont l'humanité comme compétence et leurs enseignants s'évertuent à développer leur potentiel.
La formation, équivalences et passerelles
Les formations avec leurs certifications et diplômes variés ont les mêmes configurations que les métiers et leurs limites sont aussi imprécises et élastiques. Pour beaucoup d’entre elles, des équivalences et des passerelles se sont créées. La mention complémentaire Aide à domicile est un diplôme de niveau V (ministère de tutelle Education Nationale) équivalent au DEAES (Diplôme d'Etat d'accompagnant éducatif et social spécialité accompagnement de la vie à domicile) , il a une équivalence partielle DE AS, Diplôme D'Etat Aide- Soignant).
C’est une formation scolaire en un an qui alterne seize semaines de stages et seize semaines de cours. Les stages se répartissent en dix semaines au domicile privé et 6 semaines en structures médico-sociales pour l’application des techniques de soins d’hygiène corporelle et d’ergonomie. Elle est composée de techniques professionnelles (savoir-faire) avec des savoirs associés théoriques, sciences médico-sociales, physiopathologie, techniques de services à l’usager à domicile et technologies du logement.
Les élèves ont 26 heures de cours et j’en assure 18 heures. L’année scolaire se découpe en cycles de trois ou quatre semaines de cours, trois ou quatre semaines de stages et deux semaines de vacances.
Les élèves sont toutes des filles, issues du CAP ATMFC (Assistant Technique en Milieu Familial et Collectif). Certaines années, des garçons s'inscrivent , avec un profil soignant . Ils ont pour stratégie de contourner les concours ou de faciliter l'entrée en BAC ASSP. D’après une enquête de la DREES (S. Bressé)[1] les aides à domicile sont à 95 % des femmes, de 45 ans en moyenne (35 % ont plus de 50 ans).
En effet ce métier souffre du manque de reconnaissance sociale et professionnelle. Il est encore perçu comme un prolongement du travail des femmes dans la sphère privée, comme une simple exportation d’un savoir-faire, le travail domestique – effectué gratuitement et naturellement au sein de chaque foyer. Il masque la réalité du travail et participe à la dévalorisation de ce métier. Les élèves sont sures de trouver un emploi mais les salaires sont bas et les contraintes fortes (charge de travail extrêmement lourde sur le plan psychique et physique, décalage entre le « travail prescrit » et le « travail réel ». L’aide à domicile doit aller vite et à l'essentiel, réévaluer sans cesse les priorités et jongler mentalement en permanence avec les tâches à réaliser et les objectifs à atteindre.
Pourtant les élèves n’arrivent pas par défaut et vivent leur entrée en formation MCAD comme une poursuite d’études valorisante car elles attachent de l’importance aux soins d’hygiène corporelle et à la notion d’aide. Les essayages des tuniques et pantalons, que le lycée leur achète pour les périodes de stages en structures médico-sociales, ont été un vrai moment de plaisir. Elles abandonnent la blouse d’entretien et le tablier de cuisine pour une tenue professionnelle qu’elles considèrent plus noble. La formation ainsi que le métier d’aide à domicile sont souvent vécus comme transitoires pour accéder à d’autres fonctions. Ce qui peut expliquer pour les services d’aide à domicile le turn-over important des salariées et la difficulté de trouver du personnel qualifié et de le garder.
90% des élèves de la classe ont une origine ou un lien avec une culture étrangère (Cap Vert, RDC, Mali, Turquie, Sénégal, Maroc, Algérie,Portugal…). 45% des élèves de la classe ont été diagnostiquées en difficulté de lecture lors de la journée d’appel. Une élève est dyslexique et a repris des séances chez l’orthophoniste. 80% sont boursiers. Trois élèves sont en foyer de l'Aide sociale à l'enfance et ont réalisé pendant l’année scolaire les démarches pour le contrat jeune majeur.
Les élèves arrivent avec un projet de poursuite d’études que j’encourage. Le secteur est encore en mutation et la polyvalence est appréciée. Pourtant, cette poursuite d’études favorise rarement une accession à un niveau de diplôme supérieur, elles s’engagent en majorité dans d’autres formations de niveau V. L’obtention de la mention complémentaire aide à domicile leur permet de contourner l’épreuve d’un concours.
Cette stratégie est payante et compense leur faible chance d’être retenue par concours. Des élèves de baccalauréat qui échouent à un concours médico-social accessible aux diplômés de niveau IV (infirmière, infirmière puéricultrice, éducateur spécialisé) choisissent, faute de mieux, le concours d’aide- soignant, cela participe à la dévalorisation des diplômes. Une aberration dans mon lycée vient de se concrétiser, une de nos classes d’aide- soignant (de niveau V) est réservée aux élèves titulaires du Baccalauréat ASSP (accompagnement soins et services à la personne). Cette année, quatre élèves de ma classe ont un projet de poursuite d’études en baccalauréat professionnel ASSP, elles peuvent s’inscrire pour une entrée directement en première, la passerelle a été créée mais reste confidentielle.
3.1-l’espace psychique de la classe
Claudine Blanchard-Laville,[2] en s’appuyant sur la psychanalyse anglaise (notamment W. R. Bion), s’intéresse à l’espace psychique de la classe, celui qui fait tenir ensemble les psychismes de l’enseignant et des élèves. L'espace psychique de la classe est une notion qui repose sur celle "d’enveloppe psychique" en première approximation, l'espace d'enseignement est structuré au niveau psychique par un scénario projeté par l'enseignant(e).
Ce scénario a partie liée au mode de lien que l'enseignant(e) installe avec les élèves mais aussi au rapport au savoir qu'il manifeste dans la situation. Elle nomme transfert didactique cette force modelante qui façonne l'espace didactique au niveau psychique.
Dans cette espace ainsi structuré, je crée un cadre qui donne des limites et des repères à la classe, je mets en place la charte de vie de classe, et chaque année je crée avec eux la devise de la classe d'après leurs attentes de la formation. Cette année là la devise est « travailler, réussir et vivre ensemble ».
Le projet est de :
A l’intérieur de ce cadre, j’essaie de créer un environnement facilitateur (respect, non jugement, ...), de leur créer une classe qui fonctionne sur le principe d’une équipe professionnelle avec un journal de bord qui sert de cahier de transmission. J’essaie de les former à une pratique réflexive avec une forte identité professionnelle et j’essaie de construire une image professionnelle commune, basée sur les valeurs, l’éthique et la déontologie du métier, à laquelle chaque élève pourra s’identifier, intérioriser et communiquer à l’extérieur, notamment lors des périodes de formation en milieu professionnel.
Ma démarche de formation est une articulation entre la théorie et la pratique, à partir de situation professionnelle qui nécessite l’analyse des besoins, la résolution de problèmes, la coopération, l'écriture professionnelle. Je réalise dans l’année, trois entretiens individualisés pour parler de leur projet professionnel personnalisé. La première période de formation en milieu professionnel commence début octobre. Pour ce premier stage, je leur laisse certaines responsabilités, prendre contact avec la structure et vérifier que la convention de stage est arrivée, prendre le rendez-vous préalable pour obtenir leur planning et remettre leur cahier de liaison lycée-structure. Ils ont la responsabilité de la navette les documents entre les parents ou responsable légal, la structure d’accueil et le lycée.
Je commence par les savoirs-être indispensables aux entretiens professionnels (entretien téléphonique et l’entretien avec la responsable de la structure). Parallèlement, les élèves découvrent les caractéristiques du métier d’aide à domicile et j’aborde la notion de compétence.
3.2-La mission de coordonnateur de cycle d’enseignement
L’action consiste à favoriser la persévérance scolaire chez nos élèves de MCAD en agissant sur le bien-être à l’école, sur la capacité des élèves à vaincre des résistances et à co-construire un groupe classe serein.
3.3-Deux axes
Une telle progression sur l’année comprend divers temps, implique divers acteurs et divers moments de l’organisation scolaire. Elle assure un ensemble cohérent de rôles ou de fonctions.
[1] BRESSE Sophie, DREES, L’enjeu de la professionnalisation du secteur de l’aide à domicile en faveur des personnes âgées, dans Retraite et société, N° 39, juin 2003 : voir « Pour en savoir plus ».
[2] Recherches en didactique des mathématiques1997, Volume 17/3 La pensée sauvage. Éditions. Grenoble, 1998." L'enseignant et la transmission dans l'espace psychique de la classe" pp 151-175
[3] Cf. travaux du Docteur Frances « Phobie scolaire : un conflit entre corps et psyché » ; la persévérance scolaire semble pouvoir être menacée par la capacité empêchée de l’adolescent de mettre son énergie « au service d’une création (intellectuelle, artistique, sportive) socialement valorisée ».
[4] « Tu me dis ; j’oublie ; Tu m’enseignes, je me souviens ; Tu m’impliques, j’apprends. » Benjamin Franklin
La chaîne des services à domicile
Portail national d’information pour l’autonomie des personnes âgées et l’accompagnement de leurs proches
Association Nationale des Professeurs de Biotechologies Santé- Environnement
Site d'information sur l'éducation et veille sur l'actualité de l'éducation nationale en France.
Association loi 1901
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