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L'INTELLIGENCE EMOTIONNELLE
Introduction et définition
- (en) Salovey, P., & Mayer, J.D. (1990). Emotional intelligence. Imagination, Cognition, and Personality, 9, 185-211.
Les capacités
- La compréhension de ses émotions
- La maîtrise de ses émotions et de ses impulsions
- La compréhension des émotions d’autrui et la façon d’y réagir
- L’inspiration et l’influence sur les autres
- Le développement des émotions et la gestion des conflits.
Les principaux modèles d'intelligence émotionnelle
- www.csc-scc.gc.ca/recherche/r150-fra.shtml#39
- https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00563871/document
Le modèle originel de Salovey et Meyer (1990)
Peter Salovey et John Meyer, deux universitaires américains, spécialistes en psychologie, ont été les premiers à utiliser l'expression " IE " et la conceptualiser. Pour eux, l'IE se situe à l'intersection des cognitions et des émotions. Ils soutiennent que les individus varient dans leur capacité à traiter l'information d'une nature émotionnelle et leur capacité à établir un lien entre ce traitement émotionnel et la cognition générale.
Leur modèle initial comprenait 3 processus mentaux principaux :
- évaluer et exprimer les émotions (les siennes et celles des autres),
- être capable de les réguler,
- et savoir les utiliser pour faciliter les processus cognitifs.
Les auteurs ont ensuite révisé leur modèle et proposent aujourd'hui un cadre plus complexe dans lequel l'IE est un construit hiérarchique à quatre branches, chacune de ces branches représentant une catégorie de capacités (1997) :
(1) la perception et l'évaluation, verbales et non verbales des émotions;
(2) la capacité d'intégration et d'assimilation des émotions pour faciliter et améliorer les processus cognitifs et perceptuels;
(3) la connaissance du domaine des émotions (au sens du " savoir "), compréhension de leurs mécanismes, de leurs causes et de leurs conséquences; enfin,
(4) la gestion de ses propres émotions et celles des autres.
Le modèle de Goleman (1995 et 1998)
Daniel Goleman, psychologue et journaliste scientifique, a découvert les travaux de Salovey et Mayer en 1990. Il s'en est inspiré et après quelques années de recherche, a écrit " l' intelligence émotionnelle " en 1995.
Le modèle proposé par Goleman en 1995 a été adapté au contexte de la vie au travail en 1998. Il se décline autour de 25 compétences qui s'articulent autour de 5 facteurs principaux :
(1) la conscience de soi,
(2) l'autorégulation ou la maîtrise de soi,
(3) la motivation,
(4) l'empathie, et
(5) les aptitudes sociales.
Aujourd'hui suite à son association avec des membres du groupe Hay, Goleman définit l'IE comme la " manifestation concrète de certaines compétences (conscience de soi, gestion de soi, conscience sociale et compétences sociales) en temps voulu, de manière adéquate et proportionnée afin d'être efficace dans une situation donnée (Boyatsis, Goleman et Rhee 2000).
Compétences émotionnelles |
Sous-dimensions, le sujet fait preuve… |
Auto conscience |
De prise de conscience des émotions; d’auto concept; de confiance personnelle. |
Auto régulation |
D’auto contrôle; d’intégrité; de sens des responsabilités; de flexibilité; de capacité d’innovation. |
Auto motivation |
De persévérance; d’engagement; d’initiative; d’optimisme. |
Compétences sociales |
De conscience sociale; du souci du développement des autres; de l’utilisation de la diversité des ressources des autres; de conscience politique. |
Compétences interpersonnelles |
D’influence; de communication; de leadership; de mobilisateur de changements; de gestion des conflits; de facilitateurs de relations; de collaboration et de coopération; de gestion des groupes. |
Tableau : Modèle d’intelligence émotionnelle et compétence émotionnelle selon Goleman (1998).
Le modèle de Bar-On (1997 et 2000)
Directeur de l' Institut des intelligences Appliquées du Danemark et expert-conseil auprès de nombreuses organisations en Israël, a mis au point une des premières mesures de l'IE en utilisant l'expression " quotient émotionnel ".
Il définit l'IE comme un ensemble d'aptitudes, de compétences et d'habiletés non cognitives qui influencent la capacité de l'individu à réussir en s'adaptant aux pressions et aux exigences de son environnement. Cinq composantes, elles-mêmes divisés en 15 sous-dimensions, constituent son modèle :
(1) les compétences intrapersonnelles,
(2) les compétences interpersonnelles,
(3) l'adaptabilité,
(4) la gestion du stress et
(5) l'humeur générale.
Bar-On (2000) parle aujourd'hui " et cinq facilitateurs de l'IE (optimisme, joie, développement de soi, indépendance et responsabilité sociale).
Figure 3 : Modèle de l’intelligence émotionnelle de Bar-On
Existe-t-il un lien entre IE et performance ?
Le succès du concept d'IE au niveau professionnel résulte sûrement des affirmations audacieuses de Goleman, selon lesquelles l'IE serait un facteur essentiel - au moins aussi important que les capacités cognitives, si ce n'est davantage, de la réussite individuelle et organisationnelle.
Le leadership constitue certainement la facette de la performance la plus concernée par l'IE. Goleman en fait un thème majeur de ses publications et affirme que les leaders les plus efficaces ont en commun ce qu'il définit comme relevant de l'IE.
D'une manière plus générale, l'IE est associée à un ensemble d'attitudes et de comportements positifs pour l'individu et l'organisation. Elle permettrait de réduire les effets négatifs du stress, de réduire les conflits et d'aider à leur résolution, d'améliorer la productivité, d'avoir un impact sur la satisfaction, l'absentéisme, l'implication organisationnelle et l'engagement au travail. Ce serait donc une théorie qui aurait un champ d'application très large dans le domaine professionnel.
Il reste à prouver scientifiquement de telles affirmations. Quelques chercheurs se sont attachés à cette problématique et ont vu leurs travaux publiés dans des revues académiques. Toutefois, à ce jour, la production scientifique relative aux liens entre l'IE et la performance au travail se révèle plutôt maigre et peu concluante.
Moïra Mikolajczak[1] et Olivier Luminet[2] présente une synthèse des études qui démontre l’effet modérateur de l’intelligence émotionnelle sur la réponse psychologique et biologique au stress.
James Parker[3] et son équipe ont évalué en 2004, l’intelligence émotionnelle d’étudiants de 667 établissements et l’ont comparé aux scores obtenus aux examens de fin d’année. Les chercheurs ont alors mis en évidence qu’intelligence émotionnelle et réussite scolaire étaient fortement liées. James D.A. Parker[4] a également mis en évidence que l’intelligence émotionnelle est un réel indicateur de persévérance et que la développer permet d’améliorer l’investissement scolaire des élèves.
[1] Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS, Belgique)
[2] Université catholique de Louvain - Place Cardinal Mercier 10 - B-1348 Louvain-la-Neuve - Belgique
[3] Parker, J.D.A., Creque, R.E., Barnhart, D.L., Harris, J.I., Majeski, S.A., Wood, L.M., Bond, B.J., & Hogan, M.J. (2004).Academic achievement in high school, does emotional intelligence matter? Personality and Individual. Differences, Volume 37 (7). Pages1321-1330. Cit2 dans Six Seconds(2007). A Case for Emotional Intelligence in Our Schools. En ligne. https://www.6seconds.org/pdf/case_for_EQ_school.pdf Consulté le 20/05/15
[4] Parker, J.D.A., Hogan, M.J., Eastabrook, J.M., Oke, A., & Wood, L.M. (2006).
Emotional intelligence and student retention: Predicting the successful transition from high school to university. Personalityand Individual Differences. Volume 41 (7). Pages 1329-1336. Cité dans Six Seconds(2007). A Case for Emotional Intelligence in Our Schools. En ligne. https://www.6seconds.org/pdf/case_for_EQ_school.pdf Consulté le20/05/15
Au contraire, il existe même des études (ex : Newsome 2000) qui montrent que l'IE n'apporte aucune contribution supplémentaire par rapport à la personnalité et à l'intelligence cognitive.
Enseigner l’intelligence émotionnelle ?
Goleman a également établi un processus optimal pour développer l’intelligence émotionnelle au sein des organismes. Présenté à la figure 4, ce processus consiste en quatre phases : préparation au changement, formation, transfert et maintien des habiletés, et évaluation.
Figure 4 : Développement de l’intelligence émotionnelle dans les organismes : le processus optimal