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La définition de compétence dans l'AIDE A DOMICILE

D’après Philippe Perrenoud (1997) la compétence se définit comme la  « Capacité d’agir efficacement dans un type défini de situation, capacité qui s’appuie sur des connaissances, mais ne s’y réduit pas. » « Les compétences utilisent, intègrent, mobilisent des connaissances.»

Plus ancienne, la définition proposée par Kartz  distingue trois types de compétences.

  • les compétences conceptuelles (analyser, comprendre, agir de manière systémique).
  • les compétences techniques (méthodes, processus, procédures, techniques d'une spécialité).
  • les compétences humaines (dans les relations intra et interpersonnelles).

Elle s'avère pratique car elle recoupe un découpage plus classique, qui décompose les compétences en savoirs, savoir-faire et savoir être.

Dans son livre, Bernard Rey (1996) présente trois manières de penser la compétence (p.25-47) :

- La compétence-comportement comme « réponse automatique à un stimulus » (p.39).

- La compétence-fonction comme « faculté à organiser des actes connus en vue d’un but préalablement établi » (p.39).

- La compétence pouvoir d’escient : comme « pouvoir qu’a l’homme d’adapter ses actes et ses paroles à une infinité de situations inédites » (p.46).

La conception  de notion de compétence de Rey semble adaptée à la formation des aides à domicile.  Les compétences-comportements exigées relèvent surtout de la capacité à fournir le service exigé de façon plutôt standardisée. Elles relèvent en particulier de la  pratique basée sur la réalisation de tâches matérielles dans le cadre d’une prestation de  service prédéfini (tâches ménagères, préparations culinaires, aide à la toilette).

La définition de la notion de  tâche, donnée par Rey et al. (2003)[1] a l’avantage d’être explicite: «Une tâche est une action humaine qui a une utilité, une finalité » (p.14). Elle peut se réduire à une action ou s’étendre à une combinaison d’actions.

La compétence-fonction est intimement liée par l’auteur à la pédagogie par objectifs. Elle consiste pour le sujet à « sélectionner et organiser un ensemble d’actes pris dans un répertoire déjà connu et maitrisé, en vue d’un but définissable.». Lors de son intervention au domicile, l’auxiliaire de vie sociale exerce souvent plusieurs des fonctions pour faciliter la vie quotidienne de la personne aidée. Elle réalise des tâches matérielles, crée une situation d’échange avec la personne et assure une fonction de diagnostic et de vigilance. L’aide à domicile cumule et combine les fonctions (de communication, diagnostic, organisation et accompagnement) et doit pour réaliser son travail, prendre en compte un certain nombre d’éléments : le plan d’aide tel qu’il est défini en termes de temps, de rythme de passage et de tâches à réaliser ;  les règles édictées par la structure qui définissent notamment son périmètre d’intervention (ce qu’elle doit faire et ne doit pas faire) et  les besoins de la personne tels qu’ils sont perçus par les professionnels  et en fonction des demandes formulées (par la personne elle-même ou son entourage).

Ce qui différencie la compétence-pouvoir d’escient de la compétence-fonction aux yeux de Rey, c’est que non seulement cette dernière contient toutes les qualités de la précédente mais en plus, et avant tout, elle est capacité à décider du but à atteindre, à juger de son opportunité et des moyens à utiliser voire à inventer pour l’atteindre.

« Personne ne me l’a dit, mais ça fait partie de mon rôle : lire une prière pour une personne aveugle, l’emmener au jardin ou lui rapporter une rose pour la lui faire sentir et pour une autre, regarder les photos d’un baptême ou d’un mariage, caresser le chien… ». [2] Les situations effectivement rencontrées par les aides à domicile sont très variables, complexes (combinant des dimensions matérielles, psychologiques, sociales, de santé...) et souvent évolutives. Elles sont confrontées aux personnes âgées dépressives, ou atteintes de divers troubles mentaux (Alzheimer...) ;aux  problèmes relationnels entre la personne âgée et son conjoint ou ses enfants, à la variabilité de comportement des bénéficiaires (manque d’hygiène, acariâtre, autoritaire...), à la coordination avec les autres intervenants au domicile, aux  problèmes de santé de la personne aidée. Certaines tâches relèvent de l’action informelle.

Dans « Services à la personne : «évolutions, organisation et conditions de travail » Frédéric Dumalin et Nadia Rahou , Chargés de mission ANACT rapportent en 2007« Ce qui apparaît comme le plus difficile, c’est l’adaptation et la négociation leur travail, au quotidien et au cas par cas. » et « Pour y faire face, le prescrit n’est généralement pas d’un grand secours, et les aides doivent faire preuve d’une réelle autonomie, tant pour gérer la relation avec la personne âgée que pour prendre des décisions parfois importantes. »

Ces situations complexes restent  difficiles à formaliser et la compétence-pouvoir d’escient difficile à appréhender et évaluer  en situation scolaire.

 

Extrait mémoire Sylvie LOTFI,  Licence Sciences de l'éducation Modalité d'enseignement à distanceParcours Intervention dans les secteurs de l’éducation, de la formation, du travail social et de la santé -Session 2015-


[1] Bernard Rey, Vincent Carette, Anne Defrance, Sabine Kahn De Boeck, 2003 - 161 pages