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La confrérie des Pénitents

 
Au cours d’un mouvement de grève, pour résister aux coupes budgétaires, j’ai inventé la confrérie des  Pénitents.  La formation professionnelle providence a cédé sa place à la formation pénitence.
 
Trois enfants sur quatre de cadres supérieurs ou d’enseignants, obtiennent un baccalauréat général, moins d’un sur cinq chez les ouvriers. La panne du système c’est d’abord la panne de l’ascenseur social.
 
Le lycée coûte trop cher a déclaré l’OCDE. La solution a été rapidement trouvée, des économies ont été faites  sur l'enseignement professionnel. Le passage du bac pro de 4 à 3 ans a permis de supprimer des moyens.  Un an de pénitence en moins a déclaré un inspecteur qui a fait le buzz pendant le mouvement de grève des professeurs de lycée professionnel.  …. Cela démontre le manque de reconnaissance de la part de l’institution. 
 
Ainsi le nombre de PLP est passé de 66 000 en 2005 à 56 826 en 2012. C'est la catégorie d'enseignants qui a le plus baissé. Depuis 2012, il est remonté à 57 597. C'est la catégorie qui a le moins augmenté. Or le nombre d'élèves est en hausse rapide : + 5000 à cette rentrée, + 5000 en 2016. 
 
Le lycée professionnel est-il « la pénitence » d’une scolarité antérieure gâchée ?
 
Dès l’école maternelle, le processus de sélection bien connue de l’élite s’opère (carte scolaire, choix des options, passage au privé) soutenant l’aspiration méritoire de quelques-uns au dépend de la réussite collective. Car démocratiser le savoir et ouvrir toutes ses richesses à ses élèves,  cet idéal excitant s'abîme au contact de la rugueuse cassette de l'État. 
 
L'élève du lycée professionnel doit-il se repentir, faire pénitence ? 
 
L'élève  du lycée professionnel doit-il faire pénitence de ses excès, de ses torts, de sa mauvaise conduite, en être puni par quelque infirmité (un diplôme bradé) ou par quelque malheur (la voie de la précarité) ».
 
Que ce soit les synthèses de l’OCDE ou  les rapports du ministère de l’Education Nationale qui vantent un système éducatif plus efficient, chaque réforme miracle et son bouleversement des programmes, est toujours accompagnée de moins d'heures, moins de profs.......  ». Et nous sommes tenus de glorifier le changement, censé apporter les remèdes à tous les maux de notre institution scolaire. 

Dernière en date, la réforme Blanquer n’échappe pas à la règle de l’efficience circonscrite à l’employabilité des jeunes et à la réponse des besoins de l’entreprise. Cette fois ci, je suis interpellée par l’usage de la novlangue comme outil de communication triomphante.

Si le langage est au cœur de notre métier, en étroite relation avec l’esprit, la pensée, l’intelligence, que faut-il penser de l’abus de slogans à propos du lycée Professionnel, « Voie de l’excellence » ou « Harvard du pro » qui cachent les restrictions d’enseignement, les contenus appauvris? C’est cousu de fil blanc, la petite musique de Kaa me trotte dans la tête. 

« Aie confiance 

Crois en moi 

Que je puisse 

Veiller sur toi »

 
Le lycée professionnel récupère des élèves qui ont subi une orientation par l’échec, qui  cumulent l’absence de projet et de motivation, les difficultés scolaires, familiales  et  sociales, et la rancœur d’avoir été rejetés de la «voie royale» des «études générales». 
 
Les enseignants ont pour mission de remobiliser des élèves en révolte contre le système scolaire qui n’a pas répondu à leurs aspirations et les former à un métier qu’ils n’ont pas forcément choisi. L’éducation Nationale a instauré la culture des résultats et l’application de méthodes pédagogiques qui facilitent l’entrée des jeunes sur le marché de l’emploi. Les formations devant répondre aux besoins immédiats des entreprises et à l’insertion professionnelle rapide des jeunes.
 
Mais cette pédagogie de l’insertion a aussi pour effet l’appauvrissement des savoirs et l’élagage de contenus considérés comme superflus. Elle prive les élèves de savoirs culturels, leur permettant de se réconcilier avec l’école et de s’émanciper grâce à elle.   La formation professionnelle ne doit pas les appauvrir davantage, pour les mettre en état de nécessité d’accepter un emploi dont ils n’auront guère les moyens de discuter des conditions. La pédagogie de l'émancipation est un enjeu plus politique qui dépasse la sphère de l'enseignement. 
 
 
S. LOTFI
 
Source Internet : L’EXPRESSO Lycée professionnel : Un rapport qui laisse les mains libres au ministre

 Par fjarraud , le vendredi 23 février 2018.

 
Source Internet : L’EXPRESSO  L'enseignement professionnel, toujours mal-aimé par l'Education nationale  de François Jarraudle lundi 07 septembre 2015.