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L’efficience a-t-elle une âme ?

Professeur BTSE avec ancienneté (un nombre certain d’années), je vois, à chaque rentrée, atterrir en salle des professeurs, des  débutants aux accents chantants de province ou d’ailleurs.  Je les découvre  de plus en plus stressés,  de plus en plus sous pression, de moins en moins satisfaits  et de moins en moins heureux  ….

Notre Académie est en effet une plaque tournante des "néo- titulaires, néo-  contractuels ou néo- vacataires", le turn-over est important  et  au jeu des chaises musicales,  beaucoup sont arrivés là, par défaut, la mutation en dessous de la Loire est un vrai parcours du combattant.

Pourquoi cette pression ? Les exigences ont évolué, il lui faut rapidement prendre en charge ses classes et au pays de la formation, le professeur débutant doit avoir « la science infuse ». Il lui ait demandé « tout et tout de suite »  et malgré de longues études, il n’a pas reçu « les clés du métier ». Mais bien sûr !  Enseigner c’est inné.  

Ils se sentent isolés,  dans nos sections professionnelles, pour certains, c’est « le deuxième métier », des infirmières, des biologistes arrivent sans être passés par la case de la formation pédagogique et les anciens sont lassés de devoir, à chaque rentrée, recommencer une formation express informelle, non reconnue, qui compte beaucoup sur la bonne volonté et……….. qui contribue au maintien du système.

L’efficience a contaminé l’Education Nationale, elle ’est la solution ambitieuse des Economistes "ou comment nous rendre plus efficace, sans dégrader la qualité de l’enseignement et  sans augmenter les dépenses publiques".  Mais pour moi  cette efficience  est une illusion, la qualité d'un enseignement sur papier glacé, validée par des statistiques  et mise en valeur par de jolis graphiques aux constantes macabres. L'efficience, purement comptable, prônée par notre institution a mis de côté la richesse des relations humaines et l'épanouissement psychologique des élèves. 

D'après la fabrique spinoza, des études ont montré que le que le bien-être des élèves augmentait leurs notes et que le bien-être à l’école améliorait les performances du système éducatif dans sa globalité. L'Education Nationale et ses hauts fonctionnaires, "donneurs d'ordres" et passeurs de "commandes" oublient le postulat de départ " pour des élèves heureux d'apprendre , il faut des enseignants heureux d'enseigner ". 

Depuis 25 ans, je vois se succéder les  ministres de l'Éducation Nationale, avec dans leurs sillages « la réforme miracle et son bouleversement des programmes, toujours accompagnée de moins d'heures, moins de profs,....... ».  Pour l’enseignant cela se traduit par des contrats précaires, le gel des salaires,  moins de dédoublements, des effectifs de classe à la hausse, moins de formations continues, moins de concertation. Alors je pose cettre question : "l'efficience a-t-elle une âme ?".   

 Aujourd’hui, je rends à la toile ce qu’elle m’a apporté ! J’espère pouvoir aider les professeurs de mon secteur d’enseignement mais aussi les élèves ou les salariés qui s’engageront  dans une formation ou une VAE de l’aide à la personne. 

bien etre et educ

 
 
 
 
 

 

     

André Giordan, ancien instituteur et professeur de collège et de lycée, est actuellement professeur à l’université de Genève, directeur du Laboratoire de Didactique et Épistémologie des sciences et président de la Commission internationale de biologie, éthique et éducation (CBE-IUBS).

Réformes économiques

2008/1 (n° 4)

Réformes économiques 2008/1

 
D'après l'OCDE il faut  employer les ressources du secteur éducatif de manière plus efficiente, sans augmenter les dépenses publiques.