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     MA BOITE DE PANDORE     

Dis pourquoi ? La curiosité, mon vilain défaut. 

 
 
"La curiosité des enfants est un penchant de la nature qui va comme au-devant de l’instruction ; ne manquez pas d’en profiter.”
 De Fénelon / Traité de l’Education des filles 
 
La curiosité est le puissant moteur pour l'apprentissage. Plus qu'un "vilain défaut de petites filles modèles", cet appétit intellectuel m'a permis d'échapper à la reproduction sociale qui me pendait au nez. Comprendre le monde qui m'entoure, aller voir ailleurs, et me faire mon opinion a été la motivation qui a façonné mon parcours d'apprentissage.
 
D'où me vient ce désir de connaissances et d'ouverture culturelle ? un côté rebelle, "Moi aussi j'y ai droit", un côté utopique "je changerai le monde et son injustice" et un coté pragmatique " A part l'école, qui va m'aider à trouver ma place au soleil". Chaque année, j'essaie de le transmettre aux élèves pour que le travail scolaire ne soit pas qu'un effort, mais la découverte d’un besoin fondamental comme la soif. 
 
La routine d'une classe, « leçons, exercices, corrections, évaluations », est du temps perdu et l'ennui, la plaie des apprenants. A l’opposé, Il faut bousculer les habitudes, varier les démarches pédagogiques, questionner sans cesse, aiguiser leur réflexion et leur motivation. 
 
Bien que le retour à la prolétarisation des enseignants et la perte de reconnaissance du métier dans la société fassent poindre le déclassement, au niveau des idées et de l'épanouissement intellectuel, il n'y a pas de marche arrière. La connaissance est un capital à vie. 
 
Si j'ai fait largement profiter mes élèves de cette appétence à la curiosité, cela se complique lorsque je l'applique à la compréhension des rouages de l'institution (de l’établissement scolaire au Ministère) et des réformes qui se succèdent en grattant le vernis pour voir ce qui se passe derrière. 
 
La curiosité et la réflexion ne sont pas forcément encouragées dans le monde du travail, je l’ai appris à mes dépends. Professeur de base, l’institution ne te demande pas de réfléchir, on te renvoie à ton statut de fonctionnaire. Et un fonctionnaire ça fonctionne, « la tête dans le guidon ». Il ne faut surtout pas qu’elle dépasse, pas de vague, pas de bruit, les experts savent ce qui bon pour vous. 
 
J’ai donc pris le recul nécessaire, je ne peux me départir de cette image de roseau pensant et me trouve une échappatoire dans cette boite de Pandore (qui sent parfois le souffre, j’avoue).   Je ne changerais pas le monde éducatif mais je garderais ma liberté pédagogique entre les quatre murs de ma salle B108. Après 30 ans d'enseignement en lycée Professionnel, le bonheur est toujours dans la classe ce qui me rend exceptionnelle.