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Synthèse de l'OCDE

 
 Série «Poliques meilleures» France 2015 © OCDE 2015 
 

Vers un système d’éducation plus inclusif en France? Point d’étape sur les enjeux en matière d’égalité du système d’éducation et sur les réformes en cours. 

Depuis 40 ans, le niveau d’instruction de la population française s’est considérablement élevé, réelle avancée tant le diplôme est aujourd’hui fondamental pour l’insertion professionnelle. En comparaison internationale, le système d’éducation français est par ailleurs fondé sur des bases solides, depuis le préprimaire avec un taux de scolarisation élevé, jusqu’au niveau tertiaire avec un système de grandes écoles formant à l’excellence et des universités qui ont montré au cours des dernières années leur capacité à se réformer, à se moderniser et à élargir leurs filières d’excellence.
 
Néanmoins, le système d’éducation français rencontre des défis importants. Les résultats à l’enquête OCDE-PISA (OCDE, 2013a) sont moyens et montrent que le système est aujourd’hui tenu par ses bons élèves, dont la proportion est stable, et se dégrade par le bas, avec un échec scolaire qui atteint 20 %. Les inégalités dans le niveau de performance des élèves se sont creusées depuis 10 ans, alors même que l’insertion professionnelle des jeunes les moins qualifiés est toujours aussi difficile. Cette situation est d’autant plus inquiétante que l’une des leçons d’OCDE-PISA est que la capacité d’un système à faire progresser les élèves en difficulté améliore la qualité générale du système et donc sa performance globale. 
 
L’enquête OCDE-PIAAC de 2013 sur l’évaluation des compétences des adultes (OCDE, 2013b) est aussi particulièrement décevante pour la France, avec des résultats en numératie et en littératie se situant parmi les plus bas des 24 pays participants, et des différences de compétences plus marquées que dans la moyenne des pays participants en fonction de la formation des individus, de leur origine sociale, et du fait qu’ils soient nés ou non en France (la progression des compétences avec la durée de résidence dans le pays est par ailleurs limitée). 
 
Toutes les études convergent enfin pour montrer que les inégalités et les difficultés observées en France apparaissent dès l’école maternelle – où la scolarisation est pourtant quasi généralisée dès l’âge de 3 ans –, pour ensuite s’accentuer jusque dans l’enseignement secondaire et tertiaire, et dans la progression des compétences tout au long de la vie (Haut Conseil de l’Éducation, 2007 ; France Stratégie, 2015). Si la massification peut être incontestablement portée à l’actif du système d’éducation français, des processus de sélection étape par étape au cours du parcours scolaire d’une « élite » restreinte sont restés, ont resurgi, et se sont parfois même développés, modelant l’ensemble du système, mais laissant pour compte un trop grand nombre de jeunes mal formés, parfois sans diplôme, difficiles à embaucher, et par ailleurs relativement coûteux à l’embauche. 
 
L’ensemble de ces résultats montre bien que les réformes pour assurer plus d’égalité dans le système d’éducation sont une condition indispensable pour maintenir la place de la France dans l’économie mondiale – à la frontière de la productivité et de l’innovation – et pour assurer la cohésion sociale. Toutes les études aujourd’hui notent en effet l’importance croissante, pour augmenter la productivité et donc la croissance potentielle, de filières d’excellence élargies, d’une formation et de compétences solides pour l’ensemble de la population, et donc de la nécessité d’éviter qu’une partie de la population ne se détache de la moyenne vers le bas. C’est l’enjeu principal actuel du système d’éducation français, même si des réformes dans d’autres domaines des politiques sociales et de formation pourront aussi faire la différence. 2 Série «Poliques meilleures» France 2015 © OCDE 2015 
 
Dans ce contexte, la Loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République du 8 juillet 2013 visant à lutter activement contre le décrochage et l’échec scolaire est la bienvenue. La mise en œuvre récente de nombreuses réformes qui en découlent dans le primaire et au collège pourrait ainsi répondre, en fonction des modalités de leur mise en œuvre, à certains enjeux actuels et participer à améliorer les résultats et la formation des élèves. D’autant plus que des réformes mises en place par d’autres pays de l’OCDE, se fixant elles aussi comme priorité la réduction des inégalités sociales, n’ont en aucun cas conduit à un nivellement par le bas des performances. Bien au contraire, la proportion d’élèves en échec scolaire a en général reculé en moins de 10 ans dans ces pays, alors même que celle des bons élèves a augmenté. 
 
Les réformes actuelles vont dans la bonne direction et doivent être approfondies. Les enseignants joueront, comme dans d’autres pays avant la France, un rôle fondamental dans ces réformes. Ils doivent à ce titre s’en approprier les grandes lignes. Il conviendra donc de poursuivre la réforme du métier d’enseignant et d’en faire l’une des priorités de la rentrée prochaine. L’enquête OCDE-TALIS de 2013 sur les enseignants et les chefs d’établissement (OCDE, 2014a) montre en effet que les enseignants français se sentent moins bien préparés que leurs homologues des pays participants pour le volet pédagogique de leur métier, jugeant leur formation initiale trop académique, mais participant moins que leurs collègues des autres pays à des activités de formation continue. L’enquête OCDETALIS souligne également la faiblesse de la collaboration entre enseignants en France en comparaison avec les autres pays. Il est fondamental que se développent des pratiques formatives d’observation et de commentaires entre collègues au sein des établissements. Enfin, la professionnalisation croissante du métier passe par le renforcement de la fonction d’encadrement pédagogique au sein des établissements. 
 
En outre, l’OCDE recommande que les réformes soient poursuivies autour des cinq grands axes suivants : 
 
  1. Lutter contre l’échec scolaire dès l’école maternelle ; 
  2. Soutenir les élèves et les établissements défavorisés ;
  3. Rehausser la qualité et la valorisation des filières professionnelles au lycée ;
  4. Améliorer l’équité et l’efficacité dans l’enseignement supérieur ; et 
  5. Assurer à chaque jeune une trajectoire sécurisée vers l’emploi.
 
L’objet de cette note n’est pas de faire un inventaire complet des atouts et des défis du système d’éducation français, mais, en mettant l’accent sur l’enjeu principal qui est celui de la réduction des inégalités, de proposer des mesures qui pourraient être mises en œuvre pour consolider la direction des réformes actuellement mises en œuvre.